Faux sondage, fausse motion de soutien au président Paul Biya, faux ralliement des motos taxi sans cartes d’électeurs…la liste des incongruités imputées par une frange de l’opinion publique au ministre camerounais de l’Administration territoriale s’allonge avec une constance inquiétante.
C’est un rassemblement des conducteurs de mototaxis, le mardi 18 septembre 2018 au parcours vitae de Makepe à Douala, qui sème le doute sur la posture mentale de l’actuel ministre de l’Administration territoriale. Paul Atanga Nji y déclarait « c’est la première fois que je vois 30 000 mototaxis réunis pour un événement de cette nature…Le soutien au président Paul Biya ». Dans la réalité, ce nombre ne pouvait excéder 3000 âmes, journalistes, sportifs et badauds y compris.
Mototaxis sans cartes d’électeurs
Si l’on peut mettre cette différence abyssale de chiffre sous le coup de la traditionnelle disparité qui existe dans tous les pays du monde entre les organisateurs et les observateurs d’une manifestation publique, il est en revanche difficile d’expliquer le sens des concessions faites par le membre du gouvernement à ses interlocuteurs. Sous cape, ces conducteurs de mototaxis ont présenté la rencontre comme « l’acceptation par le Minat de leur droit à : circuler dans le sens interdit, ne plus subir de contrôle des polices municipales des mairies d’arrondissement ( la police nationale ne les contrôlant plus depuis mathusalem) ; la reconnaissance de leur droit fondamentale à circuler même sur le trottoir comme c’est le cas sur les axes : carrefour camp Yabassi – sortie marché Mboppi et Mobile Bonakouamouang – feux rouge Bessenguè…» . Ce qui est encore plus curieux est que personne, ne peut affirmer avec certitude que ce groupe de mototaxis détient même pour les 1/10è de ses membres, la carte d’électeur. Des concessions faites, même de manière tacite, aux principaux acteurs du chaos dans la circulation urbaine à Douala sans aucune visibilité électorale quantifiable. Dès lors le doute s’installe.
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G35 ou Coquille vide
Un doute renforcé par un autre fait déroulé le même Mardi toujours à Douala mais cette fois dans un somptueux hôtel de Bonanjo. La motion de soutien au président Paul Biya par un groupe d’individu outrageusement affublé du qualificatif de G35.Un groupe hétérogène constitué de personnes tout droit sorties de l’anonymat et inconnues de l’ensemble des journalistes pour lesquels, la République n’a plus de secret du fait de plusieurs années d’expérience sur le terrain.
A l’analyse, il pourrait plus s’agir d’un ramassis de bras cassés, de marginaux en total échec socioprofessionnel et à la recherche de la pitance quotidienne, le temps des élections étant une période de récolte dans leur jargon…que de véritables jeunes leaders d’opinion locaux et de la diaspora comme ils ont voulu faire croire. Leur proximité avec le Minat aurait pu ne pas constituer un sérieux motif d’inquiétude s’il s’était agi de tout autre chose en dehors de ce vote massif au président Paul Biya promis par des personnes sans la moindre once de la plus petite envergure populaire qui puisse exister. A cela il faut ajoute, le récent sondage publié par un cabinet américain donnant le président Paul Biya vainqueur du scrutin du 07 Octobre prochain.
Un sondage à tête chercheuse
Un soit-disant sondage publié par un institut basé aux USA mais donc, aussi curieusement et honteusement que cela puisse paraître, le promoteur à une filiation avec le Minat. Il n’en fallait pas plus pour renforcer le doute sur ces chiffres et de manière générale, sur la personnalité du ministre de l’administration territoriale.
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A ce jour, il n’existe aucune preuve formelle de l’implication du ministre de l’administration territoriale dans la production de ce sondage encore moins dans la mise en place du G35 .Ce pendant sa proximité naturelle et circonstancielle avec les deux faits, ajouté à son implication dans le mouvement des mototaxis constituent pour l’opinion autant de raison de douter de la sincérité du membre du gouvernement et de voir en lui un barbouse en costume cravate.
Vers une fabrication de faux résultats de l’élection présidentielle du 07 octobre ?
De là à penser qu’il pourrait être un artisan en cas de tripatouillage électoral, du fait notamment que c’est à son ministère qu’incombe la lourde responsabilité de la sécurisation de tout le processus électoral, il n’y a qu’un pas que d’aucun s’empressent de franchir allègrement. Mais d’ici à cette date, le ministre Atanga Nji aura encore plusieurs occasions de corriger son image au sein de l’opinion publique qui avait pourtant très bien accueillis sa toute première mesure des comptes rendus quotidien dans la chaîne de commandement de la territoriale et l’interdiction de la vente de armes de chasses par les armureries sur toute l’étendue du territoire nationale.